Le Guardian a rapporté que Taïwan est devenu le plus gros acheteur de naphta russe, selon un rapport publié hier par le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA), un groupe de réflexion finlandais, en collaboration avec des organisations non gouvernementales d’Europe, de Russie et de Taïwan. Depuis février 2022, Taïwan a importé pour 4,9 milliards de dollars américains de naphta russe, soit 20 % des exportations du pays. Au cours du premier semestre de cette année, Taïwan a importé pour 1,3 milliard de dollars américains de naphta russe, soit 44 % de plus qu’à la même période l’an dernier.
Depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, Taïwan s'est joint aux sanctions internationales contre Moscou tout en imposant des contrôles sur les exportations d'équipements de haute technologie afin d'empêcher leur utilisation à des fins militaires par la Russie. Dans ce contexte, la société nationale du Pétrole CPC a suspendu l’importation du naphta russe en 2024 alors que la société privée Formosa Petrochemical a augmenté à 90% son importation du naphta depuis la russie contre 9% avant la guerre.
Cependant, le naphta, un produit dérivé du pétrole brut qui sert de matière première pour les produits chimiques essentiels à la fabrication de semi-conducteurs et de composants électroniques, n’a pas été inclus dans les restrictions de Taïwan. Ce secteur constitue un pilier de l'économie taïwanaise. John Lough, directeur de la politique étrangère au New Eurasian Strategies Centre, a fait remarquer : « Cela semble être une décision opportuniste de la part de l'industrie pétrochimique taïwanaise. »
Hier, peu après la publication du rapport du CREA, certains députés taïwanais, des représentants de CREA et des ONG taïwanaises, allemandes et russes ont tenu une conférence de presse appelant Taïwan à cesser d’être le complice de la guerre. De son côté Formosa Petrochemical a déclaré qu’elle respectait toutes les réglementations existantes pour ces importations.