En ce 7 octobre, journée mondiale du travail décent, la Confédération syndicale internationale (CSI) a mis l’accent sur l’importance que les gouvernements à travers le monde placent la dignité au cœur des politiques de l’emploi. A Taïwan, des groupes de la société civile, dont Taiwan Labour Front et Taiwan Transnational Corporations Watch, ont tenu ce matin une conférence de presse au Yuan législatif, appelant le gouvernement à actualiser le Plan d’action national sur les entreprises et les droits humains, et à guider les entreprises avec plus de détermination en matière de droits humains.
Sun You-lian (孫友聯), chercheur auprès de Taiwan Labor Front, a souligné qu’une récente enquête menée par cette ONG sur le travail forcé parmi les 500 plus grandes entreprises taïwanaises avait révélé un manque de connaissance générale et de graves lacunes dans des domaines tels que l’identification des risques liés au travail forcé, le système d’embauche de travailleurs migrants et la mise en œuvre de pratiques de recrutement équitables. La connaissance des risques liés aux droits humains par les entreprises est extrêmement faible, ce qui est inquiétant, a-t-il ajouté.
Fan Yun (范雲), députée du Parti démocrate progressiste (DPP), présente à la conférence de presse, a quant à elle souligné que la récente interdiction américaine des importations de l’entreprise taïwanaise de vélos Giant, invoquant des risques de travail forcé, menaçait la réputation internationale de Taïwan. Elle a déclaré : « Aujourd’hui, j’exhorte une fois de plus, d’une part le ministère de l’Economie à renforcer les systèmes d’alerte précoce pour les entreprises, et d’autre part, le ministère du Travail à accélérer la mise à jour du Plan d’action national sur les entreprises et les droits humains. Ce n’est qu’ainsi que Taïwan pourra véritablement se conformer aux normes internationales et garantir aux travailleurs locaux et étrangers un emploi digne et sûr. »
Shih Yi-hsiang (施逸翔), chercheur principal à l’Association taïwanaise pour les droits humains (TAHR), a par ailleurs souligné que les États-Unis avaient récemment publié un rapport sur la traite des êtres humains, révélant de nombreux cas d’exploitation dans le monde du travail, impliquant notamment des étudiants internationaux et des pêcheurs en haute mer, des problèmes qui existent également à Taïwan selon lui. Shih Yi-hsiang a précisé que les systèmes et politiques discriminatoires à l’égard des travailleurs migrants à Taïwan les exposent à un risque de travail forcé. C’est la raison pour laquelle la TAHR préconise que le ministère du Travail améliore les conditions de protection des travailleurs migrants, afin de les protéger des représailles de la part des employeurs ou des agences de recrutement qui ont un rôle d’intermédiaire.