Le média d'analyse géopolitique et de renseignement militaire Intelligence Online a révélé hier 3 novembre que le ministre taïwanais des Affaires étrangères Lin Chia-lung (林佳龍) et l'ancien secrétaire général adjoint du Conseil national de sécurité, Hsu Szu-chien (徐斯儉), ont établi des contacts de haut niveau et tenu des réunions institutionnelles sans précédent lors de leur visite européenne de septembre.

Selon cet article, Hsu Szu-chien, actuel conseiller au sein du Conseil national de sécurité, aurait conduit une importante délégation au siège de l'OTAN lors de son passage à Bruxelles et aurait rencontré des représentants de la Commission européenne. Le passage de Hsu Szu-chien à Bruxelles s'inscrivait dans le cadre d'une tournée très discrète qui l'a également mené à Paris, Berlin, Londres et Varsovie, précise Intelligence Online.

L’article indique que la visite des responsables taïwanais en Europe visait à présenter aux interlocuteurs européens une nouvelle phase de la stratégie de coopération Taïwan-UE, axée sur l’approfondissement des coopérations en matière de systèmes de contrôle et d'acquisition de données (SCADA) : semi-conducteurs, intelligence artificielle (IA), défense et surveillance. 

Cette initiative a remis sur le devant de la scène la question de la coopération en matière de défense, un sujet que de nombreux pays européens avaient auparavant hésité à aborder avec Taïwan. Citant des sources diplomatiques européennes, l’article révèle également que l'accent mis par Hsu Szu-chien sur la sécurité économique et l'attachement de Taïwan aux valeurs démocratiques aurait été favorablement accueilli par les responsables européens. 

Intelligence Online rappelle que les pays européens n’ayant pas de relations diplomatiques avec Taïwan, ils n’autorisaient pas, par le passé, les ministres taïwanais des Affaires étrangères à se rendre dans leurs capitales, pour éviter de s'attirer les critiques du gouvernement chinois. Or, depuis septembre, Lin Chia-lung s’est rendu à Rome, Prague, Varsovie et Paris. Selon l’article, sa visite dans la capitale française, autorisée par les autorités, visait à réunir de hauts diplomates taïwanais en poste en Afrique. 

Intelligence Online précise que l’inauguration prévue le 18 novembre prochain au Musée du Quai Branly à Paris d’une exposition organisée en collaboration avec le Musée national du Palais de Taipei, est actuellement au cœur d'un bras de fer avec les diplomates chinois, qui tenteraient d'empêcher le ministre taïwanais de la Culture Li Yuan (李遠) d'y assister. Ce dernier, accompagné du chef de la diplomatie taïwanaise, avait en effet inauguré une exposition des collections du Musée national du Palais en République tchèque en septembre dernier. Alors que le Président français Emmanuel Macron finalise les préparatifs d’un voyage en Chine, le gouvernement taïwanais aurait accepté de n'envoyer que le vice-ministre des Affaires étrangères, François Wu Chih-chung (吳志中), afin d'apaiser les tensions, mais aussi de ne pas compromettre les progrès récemment accomplis.